Je suis née ici, ma famille est installée ici. J’ai des attaches très fortes à la ville de Vannes. J’enseigne depuis maintenant 37 ans, à Saint-Avé puis à Vannes. J’aime ma Bretagne et je me sens très bien ici, même si c’est vrai qu’il ne fait pas toujours très beau (rires). J’ai un fils qui est à Aix en Provence et c’est vrai que c’est un très beau cadre aussi... mais ici je me sens vraiment bien. On est dans une très belle région, et il faut aller voir ailleurs pour s’en rendre vraiment compte.
Quelles disciplines enseignez-vous ?
Je fais de la danse classique, du jazz, du contemporain, et de la zumba. Je n’enseigne plus le hip hop, car c’est difficile de trouver des enseignants compétents. C’est pourquoi je fais parfois venir des compagnies prestigieuses, comme Very Bad Team récemment, qui a fait des championnats du monde. On essaye de trouver les meilleures personnes possibles, et surtout que l’ambiance soit bonne. C’est très important pour moi, et pour les élèves. Il y a un lien très fort avec eux.
En tant que Vannetaise, vous n’avez jamais pensé à faire de la danse bretonne ?
J’aime beaucoup les danses bretonnes, mais je ne les connais pas bien. Je ne pourrais pas faire des cours et je ne veux pas trop me disperser. Ca manque un peu de modernité à mon goût, même si c’est en train de changer. Il y a de très belles musiques mais je ne maîtrise pas assez les danses.
Votre plus grand souvenir professionnel reste sans doute ce passage sur M6, pour l’émission « Graines de Star » ?
Oui, on a eu cette chance de passer à la télé, en 2002. Ca a donné un coup de pouce à l’école, de la reconnaissance pour notre travail. On est passé devant des milliers de téléspectateurs, rien de mieux pour faire connaitre l’école. Ca nous avait donné l’occasion de travailler avec des chorégraphes, ce qui apporte une autre qualité de travail. Mais maintenant, on ne pourrait plus le refaire, il n’y a plus d’émissions de ce genre ouverte aux amateurs. Mais c’était vraiment une super expérience.
Une expérience qui vous a permis de monter votre propre troupe...
Oui, la troupe des Chipies a vu le jour à la suite de l’émission. C’est une petite sélection d’enfants qui ont envie de faire des concours. Cinquante enfants en font partie, de huit à dix-huit ans, et ils s’engagent à faire un ou deux concours dans l’année. Ils étaient douze au départ, puis quinze, vingt... Maintenant, je suis obligé de faire plusieurs niveaux différents et chaque année, les élèves progressent.
Vous avez maintenant acquis une certaine reconnaissance qui vous ouvre de grandes portes...
Oui, on fait parfois des déplacements à l’étranger. En octobre, on était à Rome dans une école professionnelle, avec de grands maîtres de la danse. Les enfants sont motivés, ils peuvent se perfectionner. Et c’est un aspect voyage, on essaye de lier la « culture danse » au tourisme. J’organise aussi deux stages par an, dont un assez prestigieux avec des professeurs de qualité. Les personnes viennent de toute la France pour le suivre. J’aimerais aussi mettre en place un système de jumelage. Je l’avais fait il y a quelques années avec une école de Cuxhaven en Allemagne, pendant quinze ans. Mais c’est difficile à organiser.
Au delà de l’aspect loisir, votre école se présente à de nombreux concours.
On fait des compétitions de niveau international, comme le concours de Biarritz. Il y a toujours un petit esprit de compétition. Les filles et garçons se frottent à un très haut niveau. On a ramené de nombreuses médailles de tous ces concours, c’est une fierté. On est la seule école qui représente vraiment la Bretagne, et on est fiers de représenter notre région lors des concours.
Le monde de la danse est-il développé dans le Morbihan ?
Sur Vannes, la concurrence est saine et loyale, entre les différentes écoles. Beaucoup d’élèves viennent de Vannes, mais aussi de Questembert, Quiberon, la presqu’île de Rhuys Ils sont passionnés et très sérieux, même si c’est une activité de loisir. Le niveau de danse dans la région vannetaise est très bon, et développé. Sur Lorient il y a de bonnes écoles aussi, de même pour Nantes. On essaye de fédérer l’ensemble de la Bretagne par la Confédération Nationale de Danse. Et ça commence à bouger dans des villes plus petites, comme Pontivy ou Ploërmel.
La danse est-elle encore réservée, en majorité, à un public féminin ?
Ca commence à changer. On essaye de mettre en avant les garçons, car il n’y en a pas beaucoup. C’est surtout la nouvelle génération. C’est dans l’air du temps, certaines compagnies mondiales sont composées uniquement de garçons.
Des projets pour le futur ?
Je compte faire bientôt un spectacle avec des chorégraphes. On veut monter une pièce avec les Chipies, tous âges confondus, et se produire sur Vannes et dans la région, voire même plus loin encore. Et je compte bien continuer mes cours de classique. Mais peut-être qu’un jour ma fille, qui est danseuse professionnelle, reprendra la suite, qui sait.
Qui c’est ?
Martine Gicquello
Née en 1958 à Vannes, Martine Gicquello a débuté la danse dès son plus jeune âge. Elle fait ses premiers pas de danse classique à l’âge de 10 ans avec Renée Le Breton, professeure à Vannes. La jeune Vannetaise rejoint ensuite Paris à sa majorité, où elle étudie pendant deux ans le classique, le jazz et la danse contemporaine à l’École Supérieure d’Études Chorégraphiques. Une fois diplômée, de nombreux stages lui permettent d’acquérir de l’expérience. Martine Gicquello ouvre en 1979 son école de danse à Saint-Avé. L’enseignante contribue à la création de la troupe des Chipies, en 2002, dont elle s’occupe toujours. Ce n’est qu’en 2006 que ses deux studios de danse voient le jour à Vannes. Accompagnée par trois professeures, son école accueille aujourd’hui plus de 300 élèves.
Publié dans Le Mensuel du Golfe du Morbihan - Novembre 2014