Tenant du titre, Nadal arrivait avec une confiance en berne Porte d’Auteuil, battu lors des deux finales précédentes sur terre battue par Djokovic. Son premier tour dans son jardin favori n’allait pas être de tout repos face au redoutable et immense (2m08) serveur qu’est Isner. De mémoire, Nadal n’était jamais apparu aussi fébrile sur le court central, hormis lors de son unique défaite dans le tournoi (en sept ans !), face à Soderling. Malmené en retour, bloqué dans ses attaques, mal à l’aise en fond de court, l’Espagnol subit ce jour là comme rarement sur l’ocre, allant jusqu’à se retrouver mené deux sets à un. Disputant son premier match en cinq sets à Paris, Rafa allait ensuite régler la mise pour empocher un 39e succès en quarante confrontations parisiennes, bien aidé par son physique en fin de match. Mais que ce fut dur. C’est par ailleurs la première fois que Nadal perd un set au premier tour dans le tournoi. Très belle résistance d’Isner qui aura flanché physiquement dans les deux dernières manches. Difficile cependant de briller sur la durée avec comme principale (et seule véritable) arme le service.
9. Novak Djokovic bat Andy Murray : 6-1, 3-6, 7-6(2) (Rome, demi-finale, terre battue)
« Je viens juste de voir la compilation des meilleurs coups joués avec précision et avec les tripes que je n'ai jamais vus. Merci à Andy Murray et à Novak Djokovic. Vous êtes tous les deux des champions. » Un tweet posté par Bob Bryan, numéro un mondial en double, juste après la rencontre, qui reflète à merveille l’envergure de l’affrontement. Un Djokovic inarrêtable face à un Murray au sommet de son art. Un score dévastateur dans le premier set qui ne reflète pas l’intensité du combat. Avant un réveil magistral de Murray, enfin performant sur ses mises en jeu, lors du deuxième set. Le public assistait bel et bien à un moment rare. Joueur invincible jusqu’alors, le Serbe a été poussé jusque dans ses derniers retranchements. Une défense de fer, des coups de raquette (et de gueule) malicieux usaient à petit feu le Djoker. Murray servit même pour le match à 5-4 lors du troisième set. En vain, la rencontre s’emballant encore plus. Une accélération finale du Serbe, bien que touché aux adducteurs, lui offrait la victoire finale, une 36e consécutive en 2011. Une victoire d’un grand champion. Mais deux champions étaient bel et bien sur le court. Plus de trois heures de bonheur.
8. Andy Murray bar Viktor Troicki : 4-6, 4-6, 6-3, 6-2, 7-5 (Roland Garros, huitième de finale, terre battue)
Match en un set ou match en cinq sets ? Murray et Troicki ont en effet vécu une situation particulièrement inédite, étant interrompus par la nuit à deux sets partout. Quatre manches auparavant folles où Troicki avait effectué un départ pied au plancher avant de voir le Britannique se réveiller et recoller au score de la plus belle des manières. Face à un Serbe peu affuté en défense mais très vivace sur le court, une série de frappes appuyées de la part de Murray, combinées à une plus forte concentration, lui ont ainsi permis de revenir dans la partie. Sans faire grande impression mais en montrant des qualités mentales impressionnantes, Murray finit par décrocher la victoire au bout du cinquième set. Un ultime set long de plus d’une heure, à l’image du match épique que les deux joueurs venaient de vivre. Une victoire décrochée au sang froid pour le Britannique, qui était souffrant de la cheville. Deux ans après, il retrouve les quarts de finale de l’épreuve, égalant ainsi sa meilleure performance parisienne.
7. Jo-Wilfried Tsonga bat Roger Federer : 3-6, 6-7(3), 6-4, 6-4, 6-4 (Wimbledon, quart de finale, gazon)
Le All England Tennis Club ne s’en est sans doute pas encore remis. Sextuple lauréat du tournoi et éternel favori sur gazon, Federer est tombé face à un adversaire que l’on attendait pas à un tel niveau. Jamais le Suisse n’avait perdu une rencontre en Grand Chelem en menant deux sets à rien, cela en dit long sur la performance du Français. Qui aurait cru pareille performance, l’aurait imaginé comme même concevable ? Bien peu de monde. De spectateur lors des deux premières manches, face à la maestria tennistique de Federer, il devient acteur lors des trois dernières manches. Sur une autre planète en début de match, le Suisse retombe ensuite sur terre, laissant au manceau l’initiative du jeu. Jouant plus juste, mettant une pression dantesque sur l’Helvète, retrouvant au meilleur moment son service (73% des points gagnés derrière sa première balle), Tsonga cogne, cogne et cogne, rappelant sa demi-finale également victorieuse de l’Open d’Australie 2008 face à Nadal. Un dernier jeu blanc l’enverra au septième ciel, après un marathon de plus de trois heures. Depuis 2003, c’est seulement la deuxième fois que Roger Federer n’atteint pas le dernier carré londonien. Un exploit majuscule pour Tsonga.
6. Ivan Dodig bat Rafael Nadal : 1-6, 7-6(5), 7-6(5) (Montréal, deuxième tour, dur)
Une rencontre qui s’annonçait à sens unique. En tête 6-1, 3-1 puis 6-1, 6-7(5) 5-3, Nadal a pourtant eu toutes les occasions possibles et inimaginables pour conclure aisément la partie. Par deux fois cependant, il lâcha prise, sans que l’on comprenne pourquoi, tant cela ne lui ressemble pas. L’Espagnol n’avait pas perdu d’entrée dans un Masters 1000 depuis trois ans, c’est désormais chose faite, au terme d’un match qu’il aurait du conclure bien plus rapidement. Mais Dodig n’est pas né de la dernière pluie et, laissant à de nombreuses reprises passer l’orage, il n’a cessé de s’accrocher pour, à la surprise générale, remporter le match. Très agressif et solide dans sa tête, il profita ainsi des nombreuses sautes de concentration du numéro deux mondial, que l’on a vu bien plus en jambes. La « plus belle victoire » de Dodig selon ses propres termes, décrochée par le 41e mondial au terme de 3h08 d’un combat intense. Une des plus folles remontées de l’année sans aucun doute, la plus inattendue certainement.
Publié sur : Culture Sport - Rétro Top 10 des matchs (1/2)
Le remake de la finale de Wimbledon 2002, remportée par Hewitt, fut à la hauteur de l’évènement. 4h48 pour départager deux immenses champions. A l’inverse de Wimbledon, l’ex numéro un mondial a cette fois ci fini par céder. S’il y a des matchs qui ne méritent pas d’avoir de perdant, celui en fait partie, tant les deux joueurs ont développé un tennis fantastique. Au bout d’eux-mêmes, deux sportifs, deux hommes, se sont sublimés. Ce match valait infiniment mieux qu’un simple premier tour en Grand Chelem. La combattivité à toute épreuve d’Hewitt face aux coups de raquette de génie de Nalbandian, quoi de mieux pour rêver ? L’Australien pourra d’ailleurs s’en vouloir longtemps, ayant obtenu quatre balles de double break à 3-1 dans le quatrième set, puis deux balles de match dans le cinquième set à 6-5 service adverse. Nalbandian alliera ainsi physique et mental pour remporter le match au forceps. Joie intense d’un côté, détresse inouïe de l’autre. Hewitt est à nouveau défait dans son tournoi, devant un public plus qu’acquis à sa cause, lui l’enfant du pays. Jamais vainqueur en ses terres, il vient très certainement de laisser filer l’une des dernières occasions d’y briller. Mis à 29 ans chacun, talent, aisance, motivation, classe et intensité, tout était réuni. Messieurs, chapeau bas !
4. Novak Djokovic bat Roger Federer : 6-7(7), 4-6, 6-3, 6-2, 7-5 (US Open, demi-finale, dur)
Un an après, la même, mais en mieux. Remake de la demi-finale 2010, ce Djokovic-Federer allait cependant surpasser, et de loin, celui de l’an passé. Version 2010, le Djoker avait du sauver deux balles de match à 5-4 dans le cinquième set, avant de finalement s’imposer. Version 2011, le show en valait la chandelle. Revenant d’abord à deux sets partout après avoir été mené deux sets à rien, Djoko revient ensuite à hauteur de son adversaire dans la dernière manche, pourtant mené 5-3 (40-15), sauvant à nouveau deux balles de matchs. Le tout avant de coiffer sur le poteau le Suisse pour s’offrir une seconde finale consécutive à Flushing Meadows. C’est seulement la seconde fois dans toute la carrière du Suisse (après Wimbledon en juin) qu’il perd en cinq sets ayant mené par 2-0, cette fois ci face à un Djokovic qui cette année marche sur l’eau et déplace les montagnes. C’est au mental que le Serbe est allé cherché cette victoire, aidé par une confiance sans équivoque à l’heure actuelle sur le circuit. Plus frais physiquement que le Suisse sur la fin de match, qui reste cependant maître dans le jeu, Djokovic s’offre une victoire de prestige au terme de 3h51 de maestria tennistique. Le quintuple vainqueur de l’épreuve n’aura jamais été aussi près d’une énième finale. Mais il en est ressorti K-O. L’année est Serbe.
3. Rafael Nadal bat Juan Martin Del Potro : 1-6, 6-4, 6-1, 7-6(0) (Coupe Davis, finale, terre battue)
Que la Coupe Davis est belle. Nadal-Del Potro ou une partie grandiose pour clôturer 2011 de la plus belle des manières. Les 22 000 spectateurs Sévillans en ont ainsi eu plein les yeux pendant plus de quatre heures. Impressionnant d’entrée de jeu, mettant à mal comme jamais Nadal sur sa terre battue, à l’aide d’une force de frappe époustouflante et d’un coup droit particulièrement affuté, Del Potro n’a pu, malheureusement pour l’Argentine, tenir le rythme plus de deux sets. S’effondrant ensuite sur le plan physique, il n’a pu rivaliser avec le maître sur terre battue, pourtant bien malmené lors de ce match. Un quatrième set d’anthologie viendra clôturer un match ou il ne fallait pas être cardiaque. Deux débreaks concédés par Nadal, un Del Potro menant 5-3, avant de se faire rejoindre au score, Nadal breakant, menant 6-5 sur son service … avant de le perdre à nouveau, le tout débouchant sur un tie-break à sens unique pour l’Espagnol, le set fut bien rempli. Pour la première fois de sa carrière, Nadal offre le point décisif à son Espagne, lui permettant de conquérir un cinquième Saladier d’Argent depuis 2000. Un Del Potro impressionnant n’aura pu contrer un Nadal qui arrivait pourtant usé physiquement et mentalement à Séville. La terre battue, plus qu’un électrochoc, lui va à merveille. Maître est Nadal sur ocre.
2. Roger Federer bat Novak Djokovic : 7-6(5), 6-3, 3-6, 7-6(5) (Roland Garros, demi-finale, terre battue)
41 victoires consécutives, pas une de plus. Le grand Federer est de retour, le premier à mettre en échec Novak Djokovic cette année. Le tennis de ses meilleures années dans sa raquette, face à un Serbe débordant de confiance et de talent, auront été les ingrédients d’un match de folie. Il aura fallu attendre le 3 juin pour voir le Djoker tomber, et de quelle manière ! Djokovic a trouvé son maître en la personne de l’ancien numéro un mondial, qui fut éclaboussant de talent tout au long du match. La première manche fut à l’image du match, remplie de coups magiques, tous plus beaux à voir les uns que les autres. 1h10 de bonheur conclue au tie-break. Revenant dans la partie au terme d’effort impressionnants, l’issue du match n’en était que plus incertaine à deux manches à une en faveur du Suisse. Mais Federer, retrouvant toute sa superbe, a ensuite rappelé pourquoi ce fut bel et bien lui qui domina le circuit pendant 285 longues semaines. Djokovic n’égalera pas le record de victoires consécutives de McEnroe tandis que Federer retrouvera son meilleur ennemi Nadal en finale du tournoi. Cela valait bien un exploit, les images parlent d’elles-mêmes.
1. Novak Djokovic bat Rafael Nadal : 6-2, 6-4, 6-7(3), 6-1 (US Open, finale, dur)
Le match à ne pas louper en 2011. Finale du dernier Grand Chelem de l’année, la partie fut le condensé parfait de la saison tennistique. Un combat titanesque entre Djokovic et Nadal, numéros un et deux mondiaux, duquel sortit vainqueur, pour la sixième fois d’affilée, le Serbe. Djokovic, à nouveau, était plus fort. Il aura littéralement terrassé un Nadal toujours aussi courageux qui se sera battu jusqu’au dernier point. Mais cela n’aura pas suffi. Un courage remarquable, une abnégation héroïque, Rafa n’aura jamais lâché et toujours tenté de s’accrocher. En vain. En face, l’ouragan Djokovic ne lui aura laissé aucune chance. Incapable de produire le tennis pour faire chuter Djokovic, qui n’a jamais aussi bien joué sur dur, le sort était irrémédiablement scellé. Deux premières manches gérées de main de maître par le Djoker lui promettaient une victoire facile. Une réaction d’orgueil de champion de la part du Majorquin lors du troisième set relança le match. Dos au mur, poussé par cette haine de la défaite, jamais Nadal n’a semblé aussi déterminé sur un court, lançant ses dernières forces dans la bataille pour conquérir un troisième set et un tie-break d’une qualité à en couper le souffle. Vidé physiquement, il sombra ensuite, laissant Djokovic plier d’une main de fer le match. Petit Chelem Serbe pour Djokovic qui aura frôlé l’excellence dans le jeu. Un niveau de jeu quasi-excellent de Djokovic face à la résistance épique de Nadal, voila comment pourrait se résumer l’année passée. Mais 2011 est plus que jamais l’année du Djoker.
Publié sur : Culture Sport - Rétro Top 10 des matchs (2/2)