« C'est l'un des jours les plus tristes de ma carrière, car l'un des moments que j'attendais le plus était d'être le porte-drapeau de l'Espagne à la cérémonie d'ouverture des JO, alors vous pouvez imaginer combien il m'a été difficile de prendre cette décision ». L’histoire entre le tournoi Londonien et le champion espagnol est faite de hauts et de bas, son forfait pour les épreuves en simple et en double aux JO de Londres étant le dernier exemple en date. Depuis 2003, Nadal y a connu le meilleur... comme le pire. Flashback.
Deux trophées, trois finales, deux désillusions majeures… Le lien entre Nadal et le tournoi de Wimbledon est loin d’être linéaire. De vraies montagnes russes.
Tout commence en 2003 où Rafa dispute son premier tournoi du Grand Chelem … sur le gazon londonien, à seulement 17 ans. Et ses débuts sont plutôt réussis, malgré un manque d’aisance sur la surface. En effet, malgré sa grande accoutumance pour la terre, comme tout espagnol qui se respecte, il se hisse jusqu’au troisième tour du tournoi, une performance de haut rang puisque seul Boris Becker en fit autant pour sa première participation. Le Thaïlandais Srichapan mit ce jour là fin à sa belle aventure.
Mais Wimbledon est pour Rafael Nadal une éternelle épée à double tranchant. L’autre tranchant se manifestera dès 2004, le Majorquin devant renoncer au tournoi pour cause de blessure. Premier écueil qui en appellera d’autres, malheureusement pour l’Espagnol.
2005 est l’année des premiers succès pour le Taureau de Manacor, qui débarque à Londres avec son premier Roland Garros en poche. De plus en plus affuté et doté d’un physique hors normes, l’Espagnol impressionne son petit monde. Il passera ainsi de la 51e place au classement fin 2004 à la … 2e fin 2005 ! Son second Wimbledon sera en revanche beaucoup moins reluisant. Il s’inclinera en effet dès le deuxième tour face au Luxembourgeois Gilles Muller. La transition terre-gazon est encore loin d’être aisée pour Rafa, car en plus du changement de surface, il faut aussi tenir bon physiquement, la saison sur gazon débutant immédiatement après Roland.
De plus belles pages s’écrivent à partir de 2006. C’est en effet l’année de sa première finale sur le All England Club. L’Espagnol veut briser les clichés sur son compte, le catégorisant seulement comme bon joueur de terre battue. Voulant s’exporter sur toutes surfaces et notamment sur gazon, il travaille énormément pour progresser sur la surface. Et cela se concrétise sur le terrain. Kendrick (qui menait pourtant deux sets à rien), Agassi, Nieminen et Baghdatis ne pourront ainsi faire le poids. Un service amélioré, un meilleur jeu de fond de court et une amélioration de son jeu de volée permettront ainsi à l’Espagnol de se hisser pour la première fois en finale, à la surprise générale, brisant quelque peu son étiquette de pur terrien. Des retrouvailles avec Federer, son adversaire favori Porte d’Auteuil, l’attendent. 0-6, 6-7, 7-6, 3-6 : Maître Federer est chez lui à Londres. Mais malgré la défaite, la quinzaine est porteuse d’espoir pour Nadal, en progression continue sur la surface.
Bis répétita en 2007 où Nadal, après un troisième Majeur à Paris, se retrouve en finale face à Federer. Nadal, bourreau de l’helvète sur terre, va-t-il à nouveau voir la tendance s’inverser sur gazon, devenant à son tour victime, comme en 2006 ? Avec un tableau relevé qu’il a su dominer (Fish, Soderling, Youzhny, Berdych et Djokovic), tout laisse à croire que le Majorquin peut enfin triompher hors de ses terres, hors de sa terre. Mais, au terme d’une des plus grandes finales de l’histoire de Wimbledon, le sacre se refuse à lui. Battu 6-7, 6-4, 6-7, 6-2, 2-6, il oppose néanmoins une résistance grandissante sur gazon et s’affirme désormais comme un des cadors de la surface. Avec toutefois un palmarès encore vierge …
2008 résonnera comme l’année de la consécration. Son histoire avec Wimbledon sera à nouveau liée à son histoire avec Federer. Ce dernier arrive, en 2008, avec une confiance en demi-teinte sur le gazon londonien. En effet, il fut terrassé en finale de Roland Garros quelques semaines auparavant par son rival Espagnol, qui a infligé au Suisse sa pire défaite en Grand Chelem (6-1, 6-3, 6-0). Nadal remporte également le Queen’s, inaugurant son palmarès sur gazon, une première pour un Espagnol depuis 1972. Les Gulbis, Youzhny et Murray ne seront pas de poids face à l’ogre Espagnol sur le central Londonien. Comme à l’accoutumée, c’est Federer qui se dresse en dernier rempart. Cette finale sera la plus longue de l’histoire de Wimbledon. Après 4h48 d’un combat intense, considéré par certains comme le match du siècle, Nadal s’empare enfin du Graal. Une consécration, une reconnaissance même pour l’Espagnol, enfin capable de triompher sur toutes les surfaces, mêmes celles qui sont moins favorables à son jeu. Sa rapidité et sa puissance de frappe en font un adversaire redoutable. Une extraordinaire capacité d’adaptation et le fruit d’un travail de longue haleine payent enfin. 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, le jeu en valait la chandelle.
Mais l’histoire entre « Rafa » et Wimbledon n’est pas qu’une histoire à l’eau de rose. Rappelez-vous, l’épée est à doble tranchant. Sa première défaite (et toujours unique défaite à ce jour) sur la terre parisienne en huitièmes de finale face à Soderling est un signe avant-coureur. Alors tenant du titre et numéro un mondial à Wimbledon, il ne pourra venir défendre son trophée en 2009, la faute à une blessure aux genoux. Les genoux, éternel problème pour le gaucher espagnol, source de nombre de ses maux, encore aujourd’hui (Londres, regrets éternels…). Perdant son titre, il perdra également son trône. Année noire.
Le soleil revient illuminer le gazon en 2010. Malgré des débuts plus que poussifs, le Majorquin monte en puissance au fil du tournoi, comme à son habitude. Nadal a en effet besoin d’enchaîner les matchs pour être au meilleur de sa forme. Haase et Petzschner lui donneront ainsi du fil à retordre. Il se hissera pour la quatrième fois de sa carrière en finale pour y retrouver … Berdych, tombeur du maître des lieux Federer. Ce dernier ne verra que peu le jour lors de cette finale, perdue en trois sets (6-3, 7-5, 6-4), permettant ainsi à Nadal de renouer avec le succès malgré des douleurs persistantes aux genoux.
Mais une fois le soleil passé, le temps se fait nuageux. Déjà victime de la tornade Djokovic en début de saison 2011, Wimbledon ne fera pas exception. Si Del Potro, Fish et Murray n’ont pu le stopper avant la finale, Djokovic s’en chargera, à nouveau. Sa bête noire de l’année lui infligeant un 4-6, 1-6, 6-1, 3-6, il concède là sa première défaite sur le gazon londonien depuis sa défaite en finale en 2007, concédant également sa cinquième défaite de suite face au Serbe. La tempête fait rage. En plus de le priver de titre, cette défaite fait également perdre à l’Espagnol son leadership au classement mondial. A croire que Wimbledon réserve une surprise différente chaque année au gaucher espagnol.
En 2012 non plus, l’histoire d’amour n’est plus d’actualité. Année olympique oblige, le tournoi figure deux fois au calendrier. Le premier rendez-vous sera pour Nadal désastreux, tombant dès le 2e tour du tournoi, ce qui ne lui était plus arrivé en Grand Chelem depuis …. Wimbledon en 2005 ! Défait par le centième mondial Rosol à la surprise générale, Nadal quitte Londres le moral en berne. Malheureusement pour lui, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Ses genoux refaisant des siennes, il est obligé de déclarer forfait pour les Jeux Olympique qui se déroulent à Wimbledon. Désigné porte-drapeau par sa fédération, il perd ainsi gros dans l’affaire, qui restera «la pire déception de [sa] carrière ».
Deux titres, trois finales, une élimination prématurée, un forfait qui fait pâlir … L’histoire entre le tournoi londonien et Rafael Nadal est truffée d’obstacles, faites de hauts et de bas, étrangement liée à sa rivalité avec Federer et ses blessures récurrentes aux genoux. Nadal y a écrit une des plus belles pages de sa carrière (et du tennis espagnol) mais y a aussi vécu des moments douloureux. Mais même fragile, Rafa, champion au mental d’acier, refuse qu’on lui coupe l’herbe sous le pied. Il a déjà plié mais n’a jamais rompu.
Publié sur : Carnet Sport / Be In Sports Your Zone - Nadal et Wimbledon, du rire aux larmes
Tout commence en 2003 où Rafa dispute son premier tournoi du Grand Chelem … sur le gazon londonien, à seulement 17 ans. Et ses débuts sont plutôt réussis, malgré un manque d’aisance sur la surface. En effet, malgré sa grande accoutumance pour la terre, comme tout espagnol qui se respecte, il se hisse jusqu’au troisième tour du tournoi, une performance de haut rang puisque seul Boris Becker en fit autant pour sa première participation. Le Thaïlandais Srichapan mit ce jour là fin à sa belle aventure.
Mais Wimbledon est pour Rafael Nadal une éternelle épée à double tranchant. L’autre tranchant se manifestera dès 2004, le Majorquin devant renoncer au tournoi pour cause de blessure. Premier écueil qui en appellera d’autres, malheureusement pour l’Espagnol.
2005 est l’année des premiers succès pour le Taureau de Manacor, qui débarque à Londres avec son premier Roland Garros en poche. De plus en plus affuté et doté d’un physique hors normes, l’Espagnol impressionne son petit monde. Il passera ainsi de la 51e place au classement fin 2004 à la … 2e fin 2005 ! Son second Wimbledon sera en revanche beaucoup moins reluisant. Il s’inclinera en effet dès le deuxième tour face au Luxembourgeois Gilles Muller. La transition terre-gazon est encore loin d’être aisée pour Rafa, car en plus du changement de surface, il faut aussi tenir bon physiquement, la saison sur gazon débutant immédiatement après Roland.
De plus belles pages s’écrivent à partir de 2006. C’est en effet l’année de sa première finale sur le All England Club. L’Espagnol veut briser les clichés sur son compte, le catégorisant seulement comme bon joueur de terre battue. Voulant s’exporter sur toutes surfaces et notamment sur gazon, il travaille énormément pour progresser sur la surface. Et cela se concrétise sur le terrain. Kendrick (qui menait pourtant deux sets à rien), Agassi, Nieminen et Baghdatis ne pourront ainsi faire le poids. Un service amélioré, un meilleur jeu de fond de court et une amélioration de son jeu de volée permettront ainsi à l’Espagnol de se hisser pour la première fois en finale, à la surprise générale, brisant quelque peu son étiquette de pur terrien. Des retrouvailles avec Federer, son adversaire favori Porte d’Auteuil, l’attendent. 0-6, 6-7, 7-6, 3-6 : Maître Federer est chez lui à Londres. Mais malgré la défaite, la quinzaine est porteuse d’espoir pour Nadal, en progression continue sur la surface.
Bis répétita en 2007 où Nadal, après un troisième Majeur à Paris, se retrouve en finale face à Federer. Nadal, bourreau de l’helvète sur terre, va-t-il à nouveau voir la tendance s’inverser sur gazon, devenant à son tour victime, comme en 2006 ? Avec un tableau relevé qu’il a su dominer (Fish, Soderling, Youzhny, Berdych et Djokovic), tout laisse à croire que le Majorquin peut enfin triompher hors de ses terres, hors de sa terre. Mais, au terme d’une des plus grandes finales de l’histoire de Wimbledon, le sacre se refuse à lui. Battu 6-7, 6-4, 6-7, 6-2, 2-6, il oppose néanmoins une résistance grandissante sur gazon et s’affirme désormais comme un des cadors de la surface. Avec toutefois un palmarès encore vierge …
2008 résonnera comme l’année de la consécration. Son histoire avec Wimbledon sera à nouveau liée à son histoire avec Federer. Ce dernier arrive, en 2008, avec une confiance en demi-teinte sur le gazon londonien. En effet, il fut terrassé en finale de Roland Garros quelques semaines auparavant par son rival Espagnol, qui a infligé au Suisse sa pire défaite en Grand Chelem (6-1, 6-3, 6-0). Nadal remporte également le Queen’s, inaugurant son palmarès sur gazon, une première pour un Espagnol depuis 1972. Les Gulbis, Youzhny et Murray ne seront pas de poids face à l’ogre Espagnol sur le central Londonien. Comme à l’accoutumée, c’est Federer qui se dresse en dernier rempart. Cette finale sera la plus longue de l’histoire de Wimbledon. Après 4h48 d’un combat intense, considéré par certains comme le match du siècle, Nadal s’empare enfin du Graal. Une consécration, une reconnaissance même pour l’Espagnol, enfin capable de triompher sur toutes les surfaces, mêmes celles qui sont moins favorables à son jeu. Sa rapidité et sa puissance de frappe en font un adversaire redoutable. Une extraordinaire capacité d’adaptation et le fruit d’un travail de longue haleine payent enfin. 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, le jeu en valait la chandelle.
Mais l’histoire entre « Rafa » et Wimbledon n’est pas qu’une histoire à l’eau de rose. Rappelez-vous, l’épée est à doble tranchant. Sa première défaite (et toujours unique défaite à ce jour) sur la terre parisienne en huitièmes de finale face à Soderling est un signe avant-coureur. Alors tenant du titre et numéro un mondial à Wimbledon, il ne pourra venir défendre son trophée en 2009, la faute à une blessure aux genoux. Les genoux, éternel problème pour le gaucher espagnol, source de nombre de ses maux, encore aujourd’hui (Londres, regrets éternels…). Perdant son titre, il perdra également son trône. Année noire.
Le soleil revient illuminer le gazon en 2010. Malgré des débuts plus que poussifs, le Majorquin monte en puissance au fil du tournoi, comme à son habitude. Nadal a en effet besoin d’enchaîner les matchs pour être au meilleur de sa forme. Haase et Petzschner lui donneront ainsi du fil à retordre. Il se hissera pour la quatrième fois de sa carrière en finale pour y retrouver … Berdych, tombeur du maître des lieux Federer. Ce dernier ne verra que peu le jour lors de cette finale, perdue en trois sets (6-3, 7-5, 6-4), permettant ainsi à Nadal de renouer avec le succès malgré des douleurs persistantes aux genoux.
Mais une fois le soleil passé, le temps se fait nuageux. Déjà victime de la tornade Djokovic en début de saison 2011, Wimbledon ne fera pas exception. Si Del Potro, Fish et Murray n’ont pu le stopper avant la finale, Djokovic s’en chargera, à nouveau. Sa bête noire de l’année lui infligeant un 4-6, 1-6, 6-1, 3-6, il concède là sa première défaite sur le gazon londonien depuis sa défaite en finale en 2007, concédant également sa cinquième défaite de suite face au Serbe. La tempête fait rage. En plus de le priver de titre, cette défaite fait également perdre à l’Espagnol son leadership au classement mondial. A croire que Wimbledon réserve une surprise différente chaque année au gaucher espagnol.
En 2012 non plus, l’histoire d’amour n’est plus d’actualité. Année olympique oblige, le tournoi figure deux fois au calendrier. Le premier rendez-vous sera pour Nadal désastreux, tombant dès le 2e tour du tournoi, ce qui ne lui était plus arrivé en Grand Chelem depuis …. Wimbledon en 2005 ! Défait par le centième mondial Rosol à la surprise générale, Nadal quitte Londres le moral en berne. Malheureusement pour lui, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Ses genoux refaisant des siennes, il est obligé de déclarer forfait pour les Jeux Olympique qui se déroulent à Wimbledon. Désigné porte-drapeau par sa fédération, il perd ainsi gros dans l’affaire, qui restera «la pire déception de [sa] carrière ».
Deux titres, trois finales, une élimination prématurée, un forfait qui fait pâlir … L’histoire entre le tournoi londonien et Rafael Nadal est truffée d’obstacles, faites de hauts et de bas, étrangement liée à sa rivalité avec Federer et ses blessures récurrentes aux genoux. Nadal y a écrit une des plus belles pages de sa carrière (et du tennis espagnol) mais y a aussi vécu des moments douloureux. Mais même fragile, Rafa, champion au mental d’acier, refuse qu’on lui coupe l’herbe sous le pied. Il a déjà plié mais n’a jamais rompu.
Publié sur : Carnet Sport / Be In Sports Your Zone - Nadal et Wimbledon, du rire aux larmes