Il n’y a pas eu photo ce week-end à Cordoue. L’Espagne, sur ses terres, devant son public, sur terre battue, avec son gratin de meilleurs joueurs mondiaux, est bien la meilleure équipe au monde du genre, qui plus est sur sa surface reine de terre battue. Trois jours, voici la durée du calvaire français. Il faudra en revanche bien plus que trois jours pour s’en remettre côté tricolore. Une équipe était vraiment au dessus du lot en face d’eux ne leur aura laissé que des miettes, et encore …
Le bilan est famélique pour l’équipe de France, l’un des pires de toute l’Histoire en Coupe Davis. Et le constat est donc sans appel. Hormis le double, seul élément positif du week-end, les matchs en simple furent catastrophiques. Quatre matchs (matchs se jouant en trois sets minimum) en simple pour un bilan total de 19 jeux récoltés ! Soit à peine cinq jeux par match ! Des scores à faire peur qui montrent bien la difficulté des tricolores sur la terre battue, surface reine en Espagne. Mais est-ce seulement du à la supériorité de l’adversaire ou un manque de motivation , d’envie et d’abnégation des tricolores intervient-il également ? De nombreux éléments viennent expliquer la déroute.
Faut-il plus retenir la défaite des bleus que la victoire de l’Espagne ? Quoi qu’il en soit, cette défaite est due en grande partie à l’incroyable armada qui leur faisait face. Qui aurait cru que Nadal serait dans une forme pareille seulement quatre jours après sa finale à l’US Open ? Bien peu de monde. Pourtant, il n’a concédé en deux matchs que dix jeux, et Tsonga n’a réussi qu’à marquer que 6 petits points sur le service de l’Espagnol en deux heures de jeu. Nadal sur terre battue est décidément injouable et n’en finit pas d’affoler les statistiques. Dans une compétition qu’il adore plus que tout, il n’a toujours perdu qu’un seul et unique match, son tout premier, en 2004. On l’attendait ce week-end fatigué, lui-même s’estimant « être à 50% », il en fut pourtant tout autre sur le terrain, ne laissant jamais ni Gasquet ni Tsonga respirer l’espace d’un instant. Le maître de la terre a parlé. Rapportant tout d’abord le premier point pour l’Espagne, il marqua ensuite le troisième point, décisif pour la qualification. Le héros national était de retour dans des arènes de Cordoue surchauffées.
Ferrer n’avait alors qu’a finir le travail. Très solide face à Gilles Simon, à l’image de Nadal précédemment, le numéro deux ibérique ne s’est pas fait prier pour apporter un point à son équipe. Atomisant le pauvre Gilles Simon, dont la combattivité avait soudainement disparu, désespéré de se retrouver sans solutions, le match fut lui aussi à sens unique, en faveur de Ferrer. Ne devient pas très bon joueur sur terre qui veut. Simon et Gasquet sont de bons joueurs sur l’ensemble du circuit. Néanmoins, ils ne possèdent pas cette « culture » de la terre battue que possèdent quant à eux les Espagnols, dotés de très nombreux centres de formation et d’entraînement sur l’ocre, chose quasi inexistante en France. Alors que les joueurs Ibériques sont formés sur terre, les jeunes pousses tricolores la découvrent bien trop tard. Et la différence dans le jeu, sur le haut niveau, est flagrante, comme il en a été fait la preuve ce week-end. La solution est sans doute à chercher de ce côté si la France veut réduire l’écart qui la sépare de l’Espagne, du moins sur terre battue. Mais n’oublions pas non plus que Roland Garros se dispute sur terre battue et que cela fait bien longtemps qu’un français ne s’y est pas imposé… Tout cela reste à méditer.
Malgré tout, s’il y a une chose positive à retenir pour l’équipe de France dans ce qui s’est finalement transformé en cauchemar, c’est son double. Llodra et Tsonga, finalement associés, ont fait parler la poudre pour terrasser les pauvres Verdasco et Lopez, qui semblaient peu intéressés par l’enjeu du match, sans doute persuadés que leurs collègues finiraient le travail derrière. Bien rodés et s’accordant à merveille, les deux français avaient donc permis à la France de revenir à 2 points à 1 ce samedi après un match plein d’autorité et de sang froid, à nouveau à sens unique. Insuffisant, mais il fallait se contenter de peu.
La seconde victoire de « Rafa » permit ainsi à l’Espagne de l’emporter, Verdasco concluant la correction dans un cinquième match sans intérêt aucun. Une victoire qui permet à la nation forte du tennis mondial de retrouver la finale de la Coupe Davis, finale qu’elle a déjà côtoyé à cinq reprises (depuis la création du groupe mondial rassemblant les meilleures équipes mondiales, en 1981), pour quatre sacres (2000, 2004, 2008 et 2009). Plus anecdotique, cette victoire est également synonyme de revanche contre les bleus après le cinglant revers qu’elle avait reçu il y a un an à Clermont Ferrand, où elle avait coulée 5-0 en quarts de finale. Mais ce match se déroulait alors sur une surface beaucoup plus rapide, l’indoor (preuve que la surface est primordiale et que le « retard » des français est beaucoup plus flagrant sur terre), et que l’Espagne était privée de son leader Nadal. Un tout autre match. Voilà désormais l’affront lavé.
Nadal bat Gasquet : 6-3, 6-0, 6-1
Ferrer bat Simon : 6-1, 6-4, 6-1
Tsonga/Llodra battent Lopez/Verdasco : 6-1, 6-2, 6-0
Nadal bat Tsonga : 6-0, 6-2, 6-4
Verdasco bat Gasquet : 6-2, 6-1
L’Argentine de retour au sommet
L’autre duel de ces demi-finales était également très relevé. La Serbie, tenante du titre, à finit par capituler sur ses terres, privée notamment de son leader Djokovic, diminué physiquement. Il faut dire que l’Argentine avait réunit ses meilleurs joueurs pour le déplacement à Belgrade et que le défi physique fut de taille. Score étriqué de 2-3 au final, mais finale décrochée dès le quatrième match par l’Argentine.
Une victoire décrochée sur un plan individuel, Nalbandian et Del Potro l’emportant face à des Troicki et Tipsarevic dépassés. Deux défaites assez remarquables et étranges, Troicki et Tipsarevic étant désormais des membres constants du Top 20 mondial (Tipsarevic était 13eme mondial, Troicki 16eme). Mais avec un Del Potro en plein renouveau, toujours aussi admirateur des surfaces rapides telles que l’indoor, accompagné d’un Nalbandian toujours aussi décisif en Coupe Davis, une compétition qui transcende vraiment les équipes, l’Argentine ne pouvait rien craindre.
Son double était son seul point faible, et la réciproque vaut également pour les Serbes, dont le double est plus qu’un pilier. Sans surprise aucune, le double relança les Serbes dans la course à la finale, Troicki mais surtout Zimonjic, spécialiste du genre, ne laissant aucune chance à Chela et Monaco.
Forfait pour le premier simple, étant au bout du rouleau physiquement, Djokovic décida de risquer le tout pour le tout, choisissant de s’aligner pour le match décisif du dimanche face à Del Potro. Mais le héros de la patrie n’aura pu aller au bout de son match, devant abandonner au cours du deuxième set. Une douleur qu’il traînait depuis l’US Open, qu’il avait réussit à maîtriser en finale, mais qui était ce week-end trop forte pour jouer. Nadal a pu sauver la nation (son physique ne finira jamais de nous surprendre) mais Djokovic n’aura pu l’imiter. Le physique finit toujours, à certains moments, par dire stop. Tout bénef’ pour Del Potro et l’Argentine, qui retrouvent les sommets de la Coupe Davis trois ans après l’avoir quittée. Souvenez-vous, c’était en 2008, à Mar Del Plata, pour une finale face à … l’Espagne ! Une tout autre aventure, pour une finale jouée sur dur, sans un Nadal blessé, mais néanmoins remportée 3 à 1 par les Ibériques. L’occasion de prendre sa revanche, pour une Argentine qui court toujours après un premier sacre dans l’épreuve ? L’avenir, plein de surprises, nous le dira. Quoi qu’il en soit, la finale promet d’être somptueuse. Rendez-vous en Espagne du 2 au 4 décembre.
Nalbandian bat Troicki : 6-4, 4-6, 6-2, 6-3
Del Potro bat Tipsarevic : 7-5, 6-3, 6-4
Troicki/Zimonjic battent Chela/Monaco : 7-6(4), 6-4, 6-2
Del Potro bat Djokovic : 7-6(5), 3-0 AB
Tipsarevic bat Monaco : 6-2 AB
Un point sur les barrages
Bien loin de ces préoccupations pour le titre se tenaient les barrages de Coupe Davis. Une montée dans le groupe mondial ou une chute dans la deuxième division du tennis mondial se trouvaient au bout de chemin. Fortunes diverses…
AUSTRALIE - SUISSE (Sydney, gazon) : 2-3
Plus de peur que de mal pour la Suisse de Federer et Wawrinka qui, au terme de cinq matchs plein de suspens (notamment ce dernier match interrompu par la nuit où il ne manquait plus à Wawrinka qu’un jeu à inscrire pour se qualifier) se qualifie finalement pour la prochaine édition de la Coupe Davis. C’est en revanche la relégation pour l’Australie de Hewitt et Tomic. Federer aura apporté deux points à sa formation, toujours aussi à l’aise sur gazon. Stupéfaction en revanche dans le double, perdu par Federer et Wawrinka, pourtant champions olympiques de la spécialité en 2008. Mais l’essentiel est acquis.
Tomic bat Wawrinka : 4-6, 6-4, 6-3, 6-3
Federer bat Hewitt : 5-7, 7-6(5), 6-2, 6-3
Guccione/Hewitt battent Federer/Wawrinka : 2-6, 6-4, 6-2, 7-6(5)
Federer bat Tomic : 6-2, 7-5, 3-6, 6-3
Wawrinka bat Hewitt : 4-6, 6-4, 6-7(7), 6-4, 6-3
RUSSIE - BRESIL (Kazan, indoor) : 3-2
Rencontre très animée entre deux équipes au niveau de jeu très proche. Les deux hommes forts que sont Youzhny et Bellucci ont tout d’abord fait parler la poudre, prenant chacun un point. Le Brésil, qui dispose d’un double très athlétique et technique, allait cependant repasser devant. Le Brésil était même tout proche de la qualification quand Bellucci s’offrait deux balles de match (et donc de qualification) au cinquième set face à Youzhny, mais il les manqua. Et ces deux balles sont bien le tournant de la rencontre, le Brésil ne s’en remettant pas et concédant les deux matchs suivants. Dommage pour Bellucci et ses troupes, auteurs d’une belle prestation d’ensemble. Youzhny est l’homme du match côté russe.
Youzhny bat Mello : 6-0, 6-2, 6-1
Bellucci bat Andreev : 6-4, 6-3, 6-3
Mello/Soares battent Kunitsyn/Tursunov : 6-4, 7-5, 6-2
Youzhny bat Bellucci : 2-6, 6-3, 5-7, 6-4, 14-12
Tursunov bat Mello : 6-1, 7-6(5), 2-6, 6-3
ROUMANIE - REPUBLIQUE TCHEQUE (Bucarest, terre battue) : 0-5
Deux hommes et puis c’est tout. A eux seuls, comme à l’accoutumée, Stepanek et Berdych auront qualifié la République Tchèque face à une faible équipe de Roumanie. Tous d’abord victorieux en simple, ils ont également remporté le double sans connaître de difficultés. Un très bon week-end pour les finalistes de 2009. Privés de leur leader Hanescu, les Roumains n’ont pu résister à l’armada tchèque.
Stepanek bat Ungur : 6-3, 6-2, 6-0
Berdych bat Crivoi : 6-3, 6-3, 7-6(4)
Stepanek/Berdych battent Copil/Tecau : 3-6, 6-3, 6-0, 6-2
Rosol bat Copil : 6-4, 7-6(2)
Hajek bat Crivoi : 6-1, 6-4
ISRAËL - CANADA (à Ramat Hasharon, dur) : 2-3
A noter le retour perdant de Raonic après une grâce blessure qui l’avait empêché de disputer l’US Open. L’homme du week-end est sans aucun doute Pospisil, 124eme mondial, vainqueur de ses trois matchs. Sela a quant à lui déçu.
Pospisil bat Sela : 7-6(4), 6-7(6), 6-1, 6-7(2), 6-3
Weintraub bat Raonic : 5-7, 7-5, 6-3, 6-1
Nestor/Pospisil battent Erlich/Ram : 4-6, 6-3, 6-3, 6-4
Sela bat Polansky : 6-3, 6-3, 6-3
Pospisil bat Weintraub : 6-2, 7-6(3), 6-4
AFRIQUE DU SUD - CROATIE (à Potchefstroom, dur) : 1-4
Anderson bat Dodig : 6-3, 6-4, 3-6, 7-6(5)
Cilic bat Izak van der Merwe : 6-0, 6-0 AB
Cilic/Dodig battent Rik de Voest/Klaasen : 6-2, 6-4, 3-6, 6-1
Cilic bat Rik de Voest : 6-4, 6-2, 6-4
Mektic bat Klaasen : 7-6(2), 6-1
CHILI - ITALIE (à Santiago, dur) : 1-4
Starace bat Capdeville : 6-3, 6-3, 2-6, 7-6(5)
Fognini bat Gonzalez : 6-2, 4-6, 2-1 AB
Bolelli/Fognini battent Aguilar/Massu : 6-4, 6-4, 6-4
Capdeville bat Bolelli : 7-6(3), 6-2
Bracciali bat Massu : 4-3 AB
JAPON - INDE (à Tokyo, dur) : 4-1
Sugita bat Devvarman : 6-3, 6-4, 7-5
Nishikori bat Bopanna : 6-3, 6-2, 6-2
Bhupathi/Bopanna battent Ito/Sugita : 7-5, 3-6, 6-3, 7-6(4)
Nishikori bat Kano : 7-5, 6-3, 6-3
Soeda bat Bopanna : 4-5 AB
BELGIQUE - AUTRICHE (à Anvers, dur) : 1-4
Haider-Maurer bat Malisse : 6-4, 6-4, 7-5
Darcis bat Melzer : 7-6(3), 6-7(4), 6-4, 6-3
Marach/Peya battent Darcis/Rochus : 4-6, 6-3, 6-4, 6-4
Melzer bat Rochus : 6-4, 6-4, 6-3
Peya bat Bemelmans : 6-4, 6-3
Publié sur : Culture Sport - Coupe Davis : l'Espagne et l'Argentine (re)prennent rendez-vous